
Ronan Le Gleut, vice-président du DFWK et sénateur depuis 2017 représentant les Français établis hors de France, a bien résumé lors du dîner qu’il nous a offert dans une des salles à manger du splendide Palais du Sénat la complexité des rapports franco-allemands : « Comment voulez-vous qu’on se comprenne quand on traduit en allemand ‘dissuasion’ par Abschreckung ? » Autant dire que le besoin de décryptage entre nos deux pays est décisif si l’on veut réussir enfin à améliorer les relations franco-allemandes et fortifier ensemble l’Europe.
Tel était aussi l’objectif de notre « Voyage à Paris » organisé les 5 et 6 novembre 2019, à quelques jours du trentième anniversaire de la Chute du Mur de Berlin. Plus d’une trentaine de membres du DFWK s’étaient inscrits. Premier rendez-vous chez BNP Paribas organisé par un membre de notre bureau, Laurent Couraudon (Business Center Manager Berlin). Lutz Diederichs (CEO Allemagne du Groupe) nous a dressé une comparaison des marchés bancaires français et allemand, insistant sur le fait que l’Allemagne ne possédait plus à l’heure actuelle de champion européen dans le domaine. BNP Paribas en revanche n’est ni une banque française, ni une banque allemande, mais bien véritablement une banque européenne.
L’aventure franco-allemande s’est poursuivie au Sénat, où 5 membres du bureau du CEFA nous ont fait le plaisir de nous rejoindre. Un guide nous a fait visiter ce bâtiment historique et symbolique achevé en 1631 par l’architecte Salomon de Brosse sur ordre de Marie de Médicis, de la Chambre des pairs aux somptueuses boiseries, jusqu’à l’hémicycle, en passant par la luxueuse Salle des Conférences exposant le trône de Napoléon 1er et l’exemplaire original de la Constitution de la Vème République. Nous avons même eu l’opportunité d’assister à la fin d’une séance des sénateurs. Pour rappel, le Sénat est le garant de la stabilité des institutions françaises ; il ne peut être dissous et son Président assure l’intérim en cas de vacance ou d’empêchement de la Présidence de la République. Ronan Le Gleut, en même temps qu’il nous régalait, nous a résumé ses derniers rapports sur deux thèmes d’actualité : la défense européenne et les nouvelles technologies des blockchains. L’objectif était d’exposer les défis de ces deux sujets considérés comme d’avenir, afin d’identifier des solutions pérennes. Malgré l’engouement général pour la nouvelle technologie des blockchains, le sénateur a émis des réserves sur leur pertinence, en partie à cause de leur mauvais bilan énergétique. Dans son rapport, il plaide aussi pour le développement de blockchains européennes conçues sur le sol européen. L’une des conclusions principales du sénateur sur la défense européenne est qu’il n’existera pas d’armée européenne de sitôt, mais plutôt une défense européenne composée de différentes armées nationales. Anticipant l’éventualité d’un désengagement des Etats-Unis dans la défense du continent européen, le rapport formule 12 propositions pour répondre au défi de l’autonomie stratégique.
La deuxième journée s’est terminée à la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie (AHK). Oliver Nass, membre du bureau de notre sœur parisienne, le CEFA, a introduit cette matinée, d’abord ponctuée par l’intervention du président de Bosch France + Benelux Heiko Carrié. Après avoir présenté les activités de Bosch, il nous a décrypté les effets des réformes économiques du Président Emmanuel Macron. L’un des avantages principaux de la France actuellement est selon lui la volonté française de soutenir l’innovation et notamment l’industrie 4.0 pour faire face aux défis actuels. D’autant que la France possède pour cela un atout de taille : l’excellence de ses ingénieurs.
Patrick Brandmaier, nouveau directeur général de la Chambre de Commerce Franco-Allemande qui a travaillé de longues années chez Siemens (à Munich, Paris et en Norvège), est ensuite intervenu sur la structure de l’AHK et ses objectifs : représentation des intérêts de l’industrie allemande en France, animation d’un réseau de membres (environ 800) mais aussi fourniture de services payants tels que le soutien au développement de PME ou start-up en France ou en Allemagne. Il s’est ensuite penché sur les réformes du Président Macron, mais avec davantage de réserves que notre interlocuteur précédent sur leur faisabilité et leurs coûts.
Les échos positifs des membres ayant participé au voyage nous encouragent à poursuivre la mise en œuvre de tels « voyages d’études » dans notre programmation. Nous serions d’ailleurs ravis si vous aviez des suggestions à nous faire.
Un grand merci à tous les intervenants et organisateurs de ce voyage, et bien sûr à nos fidèles membres qui ont fait le déplacement afin de faire vivre l’échange franco-allemand !